Oui, c’est bien connu, les femmes atteintes de TDAH ont la mauvaise habitude d’être toujours en retard! Que ce soit au travail, à leur rendez-vous chez le coiffeur, au 5 à 7 avec les copines, à la garderie, pour les anniversaires, pour payer leurs factures, au souper d’amoureux avec leur conjoint, en retard, toujours en retard!
Il est triste de constater que les conséquences de ces retards à répétition peuvent vraiment peser lourd sur leurs épaules.
Que ce soit financièrement (frais de retard, amendes, intérêts exorbitants) ou émotivement (lorsque le conjoint qui se sent délaissé, la mère ou la soeur blessée qu’on ait oublié son anniversaire, les amies qui ont l’impression de passer après tout le monde), ces retards continuels entrainent souvent de la culpabilité et parfois même une sorte de détresse.
Alors, comment expliquer ce comportement? Comment se fait-il que, malgré toute la bonne volonté du monde, elles soient TOUJOURS en retard!
Il y a, selon moi, deux explications à ce phénomène. Les voici :
Premièrement : l’absence de notion du temps
Il est reconnu que, chez les gens atteints de TDAH, la notion du temps est totalement subjective et parfois même inexistante. En anglais, on parle de « time-blindness », en français de l’absence de notion du temps ou de l’absence de vision du temps.
Cette caractéristique est occasionnée par l’immaturité du cerveau droit chez les TDAH. Ainsi, comme chez les enfants, pour les TDAH, le temps se sépare simplement en deux catégories : maintenant et pas maintenant! Cette difficulté à mesurer le temps occasionne inévitablement une sous-estimation du temps demandé pour accomplir quelque chose.
Ainsi, si avant de partir travailler le matin, je dois déjeuner, faire ma toilette, m’habiller, préparer un lunch et ranger la cuisine, une personne ayant une notion du temps normale, saura évaluer correctement le temps pour chaque chose. Cependant, il y a fort à parier qu’une personne TDAH sous-estimera, et probablement de beaucoup, le temps que cela lui prendra.
De plus, il est quasiment certain que cette dernière ne prévoira pas les accrocs potentiels comme la recherche du vêtement idéal, le repassage de dernière minute, la fouille pour trouver les clés avant de passer la porte, un oubli dans l’épicerie de la veille, toutes ces choses qui auraient pu être prévues mais qui, pour un cerveau TDAH, sont certainement passées sous le radar. Et pourquoi? Simplement parce que hier, elles ne faisaient pas partie de « maintenant »!
Les événements se passant « Maintenant » ont toujours la priorité pour un cerveau TDAH. C’est la raison pour laquelle il lui est si difficile de planifier et de respecter sa planification. Tout ce qui n’est pas « Maintenant » est perdu dans un brouillard vague sans priorités évidentes.
Ainsi les factures dues pour dans deux semaines, l’anniversaire de notre plus vieux le mois prochain, le renouvellement mensuel des cartes de métro et toutes les tâches qui se trouvent dans la catégorie « Pas maintenant » ne sont ni ordonnées ni priorisées. Et il y a de fortes chances qu’elles le soient uniquement lorsqu’elles feront partie de la catégorie « Maintenant »… ou même « Hier »… 😉
Deuxièmement : la recherche du « rush » de dopamine
Cette deuxième cause est un peu plus délicate à aborder, car elle implique qu’il y a une certaine volonté, la plupart du temps inconsciente, d’occasionner le retard.
Une des causes établies du TDAH est un bas niveau de dopamine sécrété par le cerveau des personnes atteintes. La dopamine est un neurotransmetteur normalement émis lors de l’expérience de plaisir. Il est aussi étroitement lié à l’adrénaline qui de son côté est une hormone.
Il y a plusieurs effets pervers à un bas niveau de dopamine dont un goût prononcé pour le risque et une tendance aux dépendances, sujets que nous aborderons dans de prochains articles. Toutefois, ce qui nous intéresse ici est un autre effet, moins dangereux, mais qui peut aussi se révéler incapacitant socialement : le besoin de vivre plus intensément certains moments.
La vie de tous les jours est souvent considérée comme passablement ennuyeuse pour les TDAH. La routine, les tâches quotidiennes, tout cela ne colle pas à leur esprit de chasseuses et ces dernières vont souvent provoquer, inconsciemment, des événements qui vont leur donner enfin la décharge d’adrénaline ou de dopamine dont elles ont besoin pour se sentir bien.
Rien de mieux qu’une petite « shot » d’adrénaline pour démarrer la journée! Ainsi, perdre la notion du temps en se mettant à rêvasser sous la douche, commencer la lecture d’un article passionnant alors qu’on devrait faire son lunch, décider de mettre cet ensemble à la dernière minute alors qu’il n’est pas repassé et qu’on a une entrevue importante, tous ces petits choix quotidiens ont une incidence sur l’heure de notre départ. Et ils nous apportent ce petit stress supplémentaire dont nous avons besoin pour nous sentir bien.
Cinq trucs pour ne plus être en retard
Certaines d’entre vous vivent peut-être très bien avec leurs habitudes de retardataires, mais pour les autres, voici cinq astuces pour ne plus être en retard
- Automatiser
Pour les factures mensuelles, rien de plus simple que les paiements automatiques. La facture arrive et elle est payée automatiquement, soit par votre carte de crédit ou directement de votre compte de banque. Si vous optez pour le paiement par carte de crédit cependant, faites bien attention de ne pas oublier de payer cette dernière à temps. Les taux d’intérêt des cartes de crédit sont reconnus pour être très élevés.
Pour ma part, j’utilise l’automatisation principalement pour l’épargne. S’il fallait que j’attende d’y penser pour mettre de l’argent de côté, ça serait une catastrophe. Par contre, lorsque le montant est automatiquement prélevé de mon compte le jour même de la paie, j’oublie totalement ce petit montant qui va rejoindre les autres dans un compte d’épargne, bien tranquillement. Et j’ai la bonne surprise, de voir que ces montants font des petits lorsqu‘il me vient l’idée de regarder mes placements! Simple et efficace.
2. Cadrans et calendriers pour visualiser le temps
Lorsqu’on a un déficit d’attention, ce que l’on ne voit pas a la fâcheuse habitude de sortir de notre esprit très facilement. C’est pourquoi il est primordial d’avoir un calendrier ou un agenda pour visualiser les rendez-vous qui s’en viennent et le temps qu’il reste avant un événement par exemple. Par contre, la deuxième étape, et non la moindre, est de consulter, tous les jours, ce magnifique outil trônant sur notre bureau! Il faut se créer la routine, tous les matins, ou tous les soirs, de regarder ce qui s’en vient pour les jours suivants.
Plusieurs personnes que je connais utilisent aussi un cadran pour délimiter les périodes dédiées au travail ou à certaines activités. Plusieurs applications sont disponibles, dont certaines reprennent la méthode Pomodoro, un bon outil de gestion du temps de travail. Cependant, peu de ces applications démontrent aussi bien le temps que les cadrans « Time-timer ». Il s’agit de minuteries très visuelles. Elles sont très appréciées pour la période des devoirs des enfants ou pour un projet auquel on veut allouer du temps sans le dépasser. Faciles d’utilisation, ces cadrans nous permettent de visualiser le temps qu’il reste en un coup d’oeil. Vous pouvez retrouver leur gamme de produits sur www.timetimer.com dont une application pour les iPad, iPhone ou iWatch.
3. Rappels et alarmes
Depuis quelques mois, je suis devenue dingue des alarmes. J’avoue que j’en suis même arrivée à atteindre la limite d’aide que peut m’apporter cet outil, car lorsque ça sonne trois fois par heure, ça devient juste agaçant! 😡 Mais lorsqu’on sait bien doser, quel merveilleux outil!
J’utilise les alarmes sur mon téléphone cellulaire pour me rappeler des appels à faire ou des tâches que j’oublie constamment ou que je remets toujours. Quelque chose à apporter au bureau pour demain? Une alarme. Ne pas oublier de changer l’auto de rue pour la restriction de stationnement? Une alarme.
Quelques trucs: toujours programmer l’alarme sur le moment où l’on pense à la tâche à faire et choisir de la faire sonner à un moment où l’on a du temps pour la faire.
Par exemple, si à 17h30 vous êtes en plein « rush » pour faire le souper, si une alarme sonne à ce moment, vous allez l’éteindre rageusement et cela fera juste monter inutilement votre pression. Par contre, si cette alarme sonne vers 19h, quand le tourbillon est passé, vous aurez l’occasion de prendre les deux minutes nécessaires pour la tâche ou l’appel à faire.
Les applications de Rappels ou Tâches inclus dans les téléphones ou les tablettes sont aussi de très bons outils, mais je les utilise moins. Cependant, certains de ces logiciels ont une fonctionnalité vous envoyant un rappel à votre arrivée à un endroit précis, ce qui peut être vraiment pratique. Imaginez : vous arrivez à la maison et votre téléphone vous indique de ne pas oublier de sortir les vidanges, car c’est le jour des poubelles. Pas de sprint final le lendemain matin, à la toute dernière minute… À moins que vous n’aimiez ça? 😉
4. S’observer
Lorsqu’on a un déficit d’attention, on a aussi beaucoup de difficultés à se regarder soi-même, à prendre le temps de s’observer. C’est normal : 90% du temps, on est en train d’éteindre des feux à cause de nos oublis et le 10% restant, on est complètement à plat, épuisées, avec le sentiment de ne jamais être à la hauteur. Mais lorsqu’on prend un peu de temps, le soir, pour se repasser la journée en tête, on peut apprendre, petit à petit à s’observer davantage. On peut alors remarquer nos impulsions de dernière minute qui nous ont mises en retard, les échéances manquées et les oublis qu’on a faits durant la journée. Cela peut être décourageant, c’est vrai. Mais ce temps de réflexion doit aussi être utilisé pour voir nos bons coups, se féliciter et développer des stratégies pour être moins en retard ou s’organiser pour payer les factures à temps. Et petit à petit, lorsque certains stress tombent, on voit soudainement plus clair. Au fur et à mesure, on peut apprendre à se parler lorsqu’on a une impulsion qui va occasionner un retard mais aussi, et surtout, apprendre à se féliciter lorsqu’on a réussi quelque chose qui est généralement difficile pour nous.
5. Se donner plus de temps
La dernière stratégie est toute simple : donnez-vous du temps!
Cela vous prend généralement 30 minutes pour arriver au travail? Levez-vous 15 minutes avant l’heure et avancez l’heure de votre départ de 15 minutes. Vous allez voir, cela fera toute la différence : plus de stress si l’autobus est en retard, si l’on doit déneiger l’auto, s’il y a du trafic, si le petit dernier a oublié son doudou… Et si vous arrivez quelques minutes avant le temps au travail, vous aurez enfin le temps de prendre votre café et de faire un brin de causette avant de commencer la journée! Est-ce que ça ne serait pas merveilleux?
Alors mettez-vous une alarme 20 minutes avant votre heure habituelle de départ et lorsqu’elle sonne, donnez-vous 5 minutes pour sortir de la maison. Vous verrez, ça sera certainement un des 15 minutes les mieux investis de votre journée!
Et vous, quels sont vos trucs et astuces pour gérer vos retards? J’aimerais beaucoup que vous les partagiez dans les commentaires sous cet article. Au plaisir de vous lire!
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